Tour de France : le difficile verdissement de l'événement sportif

Dans une interview à l’AFP,  le cycliste français Guillaume Martin s’est montré préoccupé avant d’enfourcher son vélo pour débuter le Tour de France : « Personnellement, je n'arrive pas à faire l'économie d'une forme de culpabilité », a confié le coureur de l’équipe Cofidis au sujet de l’impact écologique de l’événement cycliste qui se déroule du 1er au 23 juillet.

Pourtant, rien de plus écologique que le vélo. Le bilan carbone de ce mode de déplacement est très faible puisque la seule énergie brûlée est celle du corps humain. Le Tour de France, un événement écologique par définition ?

Oui mais voilà… Rajoutez 10 millions de spectateurs, français ou étrangers, qui se déplacent pour y assister, une ribambelle de véhicules qui accompagnent les coureurs et une caravane du tour balançant goodies et échantillons à foison. Alors quel est l’impact réel d’un tel événement ? Les organisateurs sont-ils engagés pour rendre l’événement plus vert ?

La Caravane du Tour, un problème pour l’environnement ?

Le gros point noir de l’événement sportif est la caravane du Tour de France et ses véhicules de sponsors balançant des goodies et produits alimentaires aux spectateurs. Chaque année, 18 millions de produits sont distribués par la trentaine de marques partenaires. Malgré une réduction à 10 millions cette année, l’agacement demeure. Dans une interview accordée à à Reporterre, Thomas Bourgenot, chargé de plaidoyer de l’association Résistance à l’Agression Publicitaire, évoque : « la gabegie qui consiste à jeter des déchets dans la nature sans se soucier d’où ils finissent. » Cette année encore, FDJ, TikTok, Haribo, Cochonou ou encore TotalEnergies seront de la partie.

Maigre satisfaction, des règles d’écoresponsabilité ont été introduites comme l’interdiction de distribuer les goodies dans certaines zones notamment protégées, le bannissement  des emballages à usage unique ou encore le fait que les cadeaux doivent être en matières recyclés ou recyclables. Enfin, le tour s’est engagé à ramasser les déchets produits par la caravane demeurant sur la route.

La politique RSE des organisateurs

La caravane constitue une véritable ombre au tableau, alors que l’organisateur du tour, l’entreprise spécialisée Amaury Sport Organisation (ASO), instaure une politique RSE depuis maintenant 10 ans avec un certain nombre de mesures pour améliorer l’impact de la course. Par exemple, un tiers de la flotte en 2022 était composée de véhicules hybrides ou électriques. En 2023, 100 % des camions de l’organisation fonctionnent au biocarburant. ASO met en place également des stands de sensibilisation à l’écoresponsabilité grand public.

Quel est donc l’impact d’un tel événement ? En 2021, 216 000 tonnes de C02 ont été générées par le Tour de France. En comparaison, les Jeux olympiques d’été émettent en moyenne 3,5 millions de tonnes de C02, soit près de 17 fois plus que le Tour de France. Roland Garros a dégagé, en 2018, 155 000 tonnes de C02.

Comment réduire de telles émissions ? En réalité, 94 % proviennent du déplacement des spectateurs, des téléspectateurs et des internautes. Le transport représente donc un des leviers les plus importants. Les organisateurs affirment inciter les spectateurs à venir en train ou en vélo, mais du travail reste à faire.

Inciter à la pratique du vélo

Enfin, l’événement peut être un véritable outil de communication pour encourager la pratique du vélo au quotidien auprès de la population. Le Tour dispose d’ailleurs d’une politique en la matière avec une campagne de promotion de la mobilité à vélo diffusée notamment sur les chaînes de France Télévisions. Les organisateurs proposent un certain nombre de formations à la pratique du vélo destinées aux enfants. Elles se déroulent lors du Tour, mais aussi tout au long de l’année dans les écoles.

Théo Nepipvoda