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Par Carenews PRO - Publié le 19 mai 2023 - 12:00 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 10:20 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Fonds Nature Impact de WWF : trois questions sur le mécanisme mis en place

La Fondation WWF France a lancé le 10 mai dernier un Fonds Nature Impact, destiné à financer des projets forestiers durables. Il repose sur un mécanisme spécifique, les Paiements de Services Écosystémiques. Décryptage.

Les forêts jouent un rôle considérable dans la lutte contre le dérèglement climatique et la protection de la biodiversité. Crédits : iStock.
Les forêts jouent un rôle considérable dans la lutte contre le dérèglement climatique et la protection de la biodiversité. Crédits : iStock.

 

WWF France a lancé le 10 mai dernier un fonds basé sur la logique des Paiements de Services Écosystémiques (PSE). Il finance des projets de préservation, restauration et gestion durables des forêts en France métropolitaine, alliant protection de la biodiversité et séquestration carbone. 

WWF France déclare expérimenter des projets pilotes de PSE forestiers depuis 2019. Dans le communiqué de presse diffusé à l’occasion du lancement, la fondation explique que « puisque nous sommes tous bénéficiaires des multiples services que les forêts nous offrent, il est normal d’aider ceux qui les protègent. »  

Que financent les PSE ? 

Concrètement, les propriétaires forestiers qui accepteront de changer leurs pratiques volontairement seront rémunérés. En effet, s'ils choisissent de protéger les arbres plutôt que de les couper, par exemple, ils verront leurs recettes se réduire. Ils pourront aussi déployer des pratiques générant des coûts supplémentaires , comme la plantation d’arbres-habitats, dont les caractéristiques s’avèrent favorables à la biodiversité. Les PSE devraient compenser ces dépenses ou manques à gagner. 

Les projets financés seront scrupuleusement analysés, selon quatre critères : leur légitimité, leur efficience, leur impact et leur pérennité. Ils doivent durer 20 à 30 ans « a minima. » Un premier appel à projet sera lancé le 25 mai pour les sélectionner. 

Une fois les premiers projets choisis, leurs coûts seront rendus publics, ainsi que la démonstration de leurs impacts, à la suite de contrôles de qualité réguliers réalisés par des équipes ou organismes indépendants. Enfin, les bénéficiaires sont soumis à un certain nombre de règles : ils ne doivent pas être impliqués directement ou indirectement dans la violation de droits humains ou la déforestation, par exemple. Ils s’engagent aussi à « fonder leurs choix sylvicoles sur un diagnostic climatique » ou à « limiter [ceux] ayant un impact sur le climat. » 

L’organisation se fixe l’objectif d’accompagner des projets à hauteur de deux millions d’euros dès 2023 et à atteindre 40 millions dans les dix prochaines années. Pour conserver et restaurer la biodiversité, elle envisage de protéger 15 000 hectares de forêts. Cette conservation favorisera le stockage de 400 000 tonnes de carbone additionnelles sur dix ans. 

 

Qui finance ces PSE ? 

Pour financer ces PSE, WWF fait notamment appel aux entreprises, soulignant qu’elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir « s’inscrire dans une démarche de protection de la biodiversité et de lutte contre le dérèglement climatique. » En effet, le financement de PSE leur fournira une preuve chiffrée de séquestration carbone ou d’effet positif sur la biodiversité, limitant les accusations de greenwashing. Parmi les premiers soutiens : La Banque Postale, Parfums Christian Dior ou le Groupe Schmidt. 

Les contributions des financeurs sont scrupuleusement encadrées par une charte. Par exemple, selon la taille des entreprises, les montants exigés diffèrent. Celles qui peuvent se porter candidates doivent disposer d’un « modèle économique compatible avec la mission, les valeurs et les principes du WWF » et avoir identifié leurs impacts vis-à-vis des forêts. Selon leur taille et leur chiffre d’affaires, elles doivent avoir réalisé un bilan carbone, déployé une stratégie de réduction de leurs émissions et identifié leurs impacts sur la biodiversité. 

Les collectivités pourront contribuer au financement des PSE dans un second temps. Elles doivent également disposer de stratégies et de plans d’action climatiques, ainsi que d'engagements en faveur de la biodiversité et des forêts. Des philanthropes pourront aussi s’engager, sans conditions spécifiques. 

 

Que sont les PSE ? 

Les PSE existent depuis les années 1990, à l’échelle internationale. Ils peuvent prendre plusieurs formes, mais se caractérisent toujours par la rémunération d’un fournisseur volontaire de service environnemental si ce dernier prouve les bénéfices apportés. 

Le ministère de la Transition écologique expérimente des PSE dans le secteur agricole depuis 2020. Ils rémunèrent des agriculteurs qui déploient des pratiques vertueuses pour la biodiversité, l’eau ou les zones humides. Selon le WWF, 550 programmes de PSE existent dans le monde. 

La définition des modalités des PSE peut se révéler complexe. Il faut notamment que son montant soit suffisamment incitatif pour les fournisseurs de service et que les bénéfices environnementaux soient identifiables et mesurés scientifiquement.

 

Célia Szymczak 

 

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