Égalité de genre, discriminations, climat… où se situent les entreprises françaises par rapport au reste du monde ?
Le réseau France du Pacte mondial des Nations unies a publié le 1ᵉʳ juillet une étude sur l’engagement des entreprises françaises adhérentes à ce mouvement. Leurs actions sur les questions sociales, environnementales et de gouvernance sont comparées à celles de leurs homologues européennes et mondiales.

Comment les entreprises françaises se situent-elles, en matière d’engagement, par rapport à leurs homologues européennes et mondiales ? C’est la question que s’est posée le réseau France du Pacte mondial des Nations unies. Les entreprises peuvent rejoindre ce mouvement en adhérant à dix principes liés à des textes « fondamentaux » des Nations unies. Parmi ceux-ci : la prise d’initiatives « tendant à promouvoir une plus grande responsabilité en matière d’environnement » ou la contribution à l’élimination des discriminations, par exemple. Ces principes portent sur cinq thématiques : la gouvernance, les droits humains, les normes internationales du travail, l’environnement et la lutte contre la corruption.
Les entreprises faisant partie du Pacte mondial doivent déposer annuellement une « communication sur le progrès » (Cop), pour rendre compte de leurs actions sur ces thématiques sociales, environnementales et de gouvernance. Pour cela, elles peuvent répondre à un questionnaire diffusé par le Pacte mondial ou utiliser leurs rapports de durabilité, réalisés dans le cadre de la directive européenne CSRD. À partir de ces réponses, le réseau France du Pacte mondial a publié une étude le 1ᵉʳ juillet.
Une rémunération variable moins fréquente
D’abord, « les entreprises françaises [ayant rejoint le Pacte mondial] sont plus nombreuses que leurs homologues européennes à adopter des processus de diligence responsable relatifs aux droits humains, aux normes du travail, à l’environnement ou à la lutte contre la corruption », saluent les auteurs de l’étude. En effet, près des trois quarts d’entre elles (73 %) mettent en œuvre des processus pour éviter et traiter les risques d’impact négatifs de leur activité sur ces questions, contre 70 % à l’échelle européenne. En France, la loi sur le devoir de vigilance exige des entreprises de plus de 5 000 salariés qu’elles préviennent, réduisent ou mettent fin aux effets négatifs de leur activité sur les droits humains et l’environnement.
« Cependant, les entreprises françaises sont en retard par rapport à leurs homologues européennes et mondiales sur la rémunération des cadres en fonction de la performance sur les sujets de durabilité », déplore les auteurs. Par exemple, 33 % des entreprises adhérentes au Pacte mondial dans le monde rémunèrent leurs cadres en fonction d’objectifs de performance environnementale, contre 26 % des entreprises du reste de l’Europe et 25 % des entreprises françaises. Là encore, les entreprises du SBF 120 répondantes sont très en avance, puisque 95 % d’entre elles rémunèrent leurs cadres en fonction de leur performance environnementale.
Pour toutes les thématiques – droit du travail, droits humains et lutte contre la corruption -, la part d’entreprises françaises rémunérant les cadres de façon variable est moins importantes que la part d’entreprises européennes.
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Un retard dans la formation aux inégalités de genre
Les conseils d’administration des entreprises françaises membres du Pacte mondial répondantes sont composés de 28 % de femmes en moyenne, contre 25 % dans les entreprises du Pacte mondial en Europe et dans le reste du monde. Pour les entreprises du SBF 120, cette part s’élève à 45 % : la loi dite Copé-Zimmermann, votée en 2011, impose un quota de 40 % de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises.
En revanche, par rapport aux entreprises répondantes du reste du monde, moins d’entreprises françaises ont mis en œuvre des actions liées à l’égalité des genres au cours de la période d’évaluation (77 % contre 86 %). 41 % d’entre elles ont formé l’ensemble de leurs salariés au sujet des droits des femmes, contre 58 % en Europe et 71 % dans le reste du monde. 31 % ne dispensent aucune formation sur le sujet, contre 20 % des entreprises européennes répondantes et 12 % de celles du reste du monde.
« La très grande majorité des entreprises françaises répondantes ont adopté des mesures concernant les conditions de travail (83 %), la santé et la sécurité au travail (87 %) et l’élimination des discriminations (79 %) », soulignent les auteurs. Ce sont des proportions proches pour les entreprises européennes (79 %, 86 % et 73 %) et mondiales (84 %, 88 % et 80 %).
Les entreprises françaises, moins actives sur la biodiversité ?
Enfin, 85 % des entreprises françaises répondantes déclarent avoir mené au cours de la période étudiée des actions liées à l’énergie, 83 % à la gestion des déchets et 80 % au changement climatique. Là encore, les proportions sont similaires pour les entreprises européennes (84 %, 80 % et 79 %) et du reste du monde (81 %, 81 % et 76 %).
En revanche, les entreprises répondantes du reste du monde sont plus nombreuses que les entreprises françaises et européennes à avoir agi au cours de la période pour prévenir et atténuer les risques liés à la gestion de l’eau (68 % contre 50 % et 57 %), la biodiversité (56 % contre 47 % et 48 %) et les océans (33 % contre 21 % et 26 %).
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Célia Szymczak