La Maif a consacré près de 18 millions d'euros à son dividende écologique depuis 2023
Depuis 2023, la Maif a consacré 17,8 millions d'euros à son dividende écologique, qui permet de financer des actions de régénération de la biodiversité et des actions de solidarité vis-à-vis des sociétaires exposés au risque climatique. Dans un contexte de backlash écologique, l'assureur mutualiste réaffirme ses engagements et souhaite que plus d'entreprises mettent en place ce type de dispositif.

17,8 millions d'euros : c'est le montant total que la Maif a consacré à son dividende écologique depuis son lancement il y a trois ans. Dans le cadre de son dernier plan stratégique, en 2020, l'assureur mutualiste avait en effet décidé de dédier chaque année 10 % de son résultat net au financement d'actions liées à la préservation de la planète. En 2023, première année de sa mise en œuvre, ce dividende écologique avait ainsi atteint 8,2 millions d'euros, puis 2,3 millions d'euros en 2024 et 7,3 millions d'euros cette année.
« Avec ces sommes, nous finançons deux types d'actions : d'une part des actions de préservation et régénération de la biodiversité, et d'autre part des actions de solidarité vis-à-vis des sociétaires de la Maif les plus impactés par le changement climatique, en les aidant à réduire la vulnérabilité de leur logement », explique Hélène N'Diaye, directrice générale adjointe de la Maif, en charge de la stratégie climat. Sur les 17,8 millions d'euros, 10,8 millions ont ainsi été orientés vers la biodiversité et 7 millions vers la solidarité climatique.
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Un soutien à des actions de régénération de la biodiversité
Sur le volet biodiversité, la Maif apporte, via le Fonds Maif pour le vivant, son soutien financier à des actions de régénération du vivant portés par différents acteurs. 24 projets ont ainsi été soutenus depuis trois ans, sur des montants allant de 80 000 à 500 000 euros par projet.
Parmi les projets financés, des opérations de restauration de la nature menées par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) dans la réserve naturelle de Moëze-Oléron, en Charente-Maritime, ou encore des travaux de restauration des cours d'eau et de création de zones humides dans le bassin-versant de l'Authion, situé sur les départements d'Indre-et-Loire et du Maine-et-Loire.
« Le soutien financier de la Maif était indispensable à la réalisation de notre projet », témoigne ainsi Arnaud Decas, directeur général des services du Syndicat mixte du bassin-versant de l’Authion et de ses affluents (SMBAA). Sur un coût total de 2,4 millions d'euros, le Fonds Maif pour le vivant a permis d'apporter les 20 % d'autofinancement nécessaires à la réalisation du projet.
Le soutien financier de la Maif était indispensable à la réalisation de notre projet »
Arnaud Decas, directeur général des services du Syndicat mixte du bassin-versant de l’Authion et de ses affluents.
Les travaux visent à restaurer les fonctions écologiques et paysagères de la rivière Lathan, l'un des affluents de l'Authion, mais aussi à réduire les risques d'inondation des communes situés en aval du cours d'eau. Ce qui représente des travaux importants, qui s'envisagent sur le temps long. Comme l'explique Ralph Clarke, responsable gestion milieu aquatique et biodiversité du SMBAA, « avec ce projet, nous intervenons sur 12 km de berges de rivières, qui correspondent pour l'essentiel à des propriétés privées. Il nous faut donc obtenir l'accord de 70 propriétaires privés pour intervenir, et leur demander leur avis tout au long de la réalisation. Ce qui prend forcément du temps. »
UN INVESTISSEMENT À LONG TERME POUR ASSURER LA PÉRENNITÉ DU MODÈLE ASSURANTIEL
Comme dans le cas de la rivière Lathan, le Fonds Maif pour le vivant privilégie le financement de solutions fondées sur la nature, c'est-à-dire les solutions qui s'appuient sur les écosystèmes pour résoudre les défis environnementaux ou sociaux. Les actions soutenues sont sélectionnées grâce à un appel à projets lancé chaque année. Les candidatures sont ensuite examinées avec l'aide du Fonds Nature 2050 de CDC Biodiversité, qui détient une expertise scientifique reconnue sur ces sujets. Parmi les projets retenus par le Fonds Nature 2050, une sélection est opérée par des sociétaires, des militants et des salariés de la Maif, pour un choix final effectué par le conseil d’administration du Fonds Maif pour le vivant.
« Il est très important pour nous que les projets retenus soient solides scientifiquement, mais aussi qu'ils permettent des améliorations visibles pour les sociétaires Maif qui vivent autour de ces zones, puisqu'il est financé grâce à leurs cotisations », note la DGA de la Maif.
Le soutien financier du Fonds Maif pour le vivant s'effectue sous forme de dons et non d'investissements, souligne Hélène N'Diaye : « Nous ne recherchons pas de rendement financier à court terme. En revanche, nous voyons le dividende écologique comme un investissement à long terme, puisque ce type d'actions de régénération de la biodiversité et d'adaptation au changement climatique permet de réduire les risques de sinistres, et donc de préserver l'assurabilité des habitations et la pérennité du modèle assurantiel. »
Nous ne recherchons pas de rendement financier à court terme. En revanche, nous voyons le dividende écologique comme un investissement à long terme. »
Hélène N'Diaye, DGA de la Maif.
UNE PRISE DE CONSCIENCE ENCORE FAIBLE DU RISQUE CLIMATIQUE PARMI LES SOCIÉTAIRES
Le deuxième volet, celui de la solidarité climatique, consiste pour la Maif à financer un diagnostic des habitations de sociétaires les plus exposés au risque d'inondation. Une fois le diagnostic fait, l'assureur mutualiste peut également prendre en charge jusqu'à 90 % du montant des aménagements préconisés, dans la limite de 13 500 euros et sous condition de revenus des sociétaires.
Sur ce volet, le résultat est assez mitigé. À ce jour, 300 diagnostics ont été effectués, mais seuls 20 sociétaires ont réalisé des travaux à la suite de leur diagnostic. « La prise de conscience des risques liés au changement climatique est malheureusement encore faible, regrette Hélène N'Diaye. Mais nous n'allons pas lâcher ce dispositif pour autant, nous y croyons. »
RÉAFFIRMER SES ENGAGEMENTS FACE AU BACKLASH ÉCOLOGIQUE
La Maif est l'une des rares entreprises, avec le Crédit mutuel ou Harmonie mutuelle, à avoir mis en place un dispositif de ce type en France. « Cela ne prend pas parmi les entreprises qui ont un modèle actionnarial, parce que leurs actionnaires attendent d'elles des remontées de dividendes les plus élevées possibles, note Hélène N'Diaye. Cela n'a été mis en place que par des entreprises au modèle mutualiste ou coopératif jusqu'ici, car nous, nous n'avons pas cette contrainte. » L'assureur mutualiste appelle donc à la mise en place d'incitations fiscales pour favoriser le développement de ce type de dispositif.
Le dividende écologique ne prend pas parmi les entreprises qui ont un modèle actionnarial, parce que leurs actionnaires attendent d'elles des remontées de dividendes les plus élevées possibles. »
Hélène N'Diaye, DGA de la Maif.
Le backlash écologique et social en cours incitera-t-il l'assureur mutualiste à renoncer à son dividende écologique ? « C'est vrai que cela pourrait nos conduire à baisser les bras, reconnaît la DGA de la Maif. Mais au contraire, nous voulons réaffirmer fortement nos engagements. »
« Ce contexte de backlash n'est qu'une mauvaise période à passer, veut-elle croire. Mais la réalité va nous rattraper, étant donné la récurrence des événements climatiques. Et les entreprises seront bien obligées d'agir. »
Camille Dorival