Les acteurs de l’engagement se mobilisent contre l’extrême droite
De nombreux représentants du secteur associatif et de l’engagement s’alarment des résultats des élections européennes et des effets de la dissolution prévue de l’Assemblée nationale. Ils alertent sur les conséquences écologiques et sociales à venir.
Lundi 10 juin, lendemain de soirée électorale, l’heure est grave pour de nombreux acteurs associatifs et engagés. La veille, le Rassemblement national (RN) a remporté 31 % des voix aux élections européennes. Dans la foulée, Emmanuel Macron a annoncé une dissolution de l’Assemblée nationale, prévoyant des élections législatives les 30 juin et 7 juillet prochain.
« Dur de trouver les mots ce matin », écrit sur LinkedIn Claire Pétreault, la créatrice de Les pépites vertes, une entreprise visant à inciter les jeunes à travailler pour la transition écologique. « Humanistes, écologistes, créateurs et créatrices d’une économie plus juste et plus durable, la douche est froide », continue-t-elle, « nos mots et nos actions sonnent faux pour 40 % de la population française ».
« Nous forces civiles, acteurs d’économie sociale, acteurs sociaux, associations, coopératives, mutuelles, tiers-lieux, collectifs, acteurs administratifs, allons devoir trouver notre voie », appuie Bastien Sibille, secrétaire général de Coop FR, et cofondateur de l’alliance de coopératives Les Licoornes et de L’opération milliard, destinée à financer la transition écologique juste.
Vote aux élections législatives
Les acteurs appellent donc à la mobilisation. L’entrepreneuse sociale Eva Sadoun s’adresse sur LinkedIn aux acteurs économiques, rappelant la « complaisance » dont ont bénéficié Hitler et Mussolini de la part des « élites économiques » et des « grands patrons de la droite traditionnelle », contribuant à l’accès au pouvoir des partis nazi et faciste au XXe siècle. « La complaisance est mortifère. La neutralité n’est pas une option. Nous devons nous mobiliser », affirme-t-elle.
L’ONG CCFD-Terre solidaire demande aux citoyens de « voter contre les risques de voir un parti xénophobe et nationaliste gouverner la République française ». La Ligue des droits de l’homme défend « un front commun dans le champ électoral (...) avec toutes les forces syndicales et associatives ».
Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG de protection de l’océan Bloom, cosigne un post avec Raphaël Glucksmann, la tête de liste Place publique. Elle partage la pétition « Tenir tête », destinée à constituer « une large force de résistance sur un programme démocratique, social, écologique et pro-européen ».
L’association apartisane Démocratie ouverte, qui agit « pour le développement des innovations démocratiques », organise pour sa part un rassemblement le 24 juin afin d’élaborer un « plan de résistance de la démocratie en France ». Le but : identifier « ensemble les risques majeurs contre la démocratie et mettre en œuvre un plan d’action concret décliné en verticales thématiques avec débats, formations, rédaction de plaidoyers, et actions collectives partout en France ».
« Risque pour les politiques sociales et environnementales »
Au-delà des valeurs, les acteurs associatifs s’alarment des conséquences très concrètes des résultats des élections européennes. L’ONG Action contre la faim s’inquiète de leur impact « sur les politiques publiques en faveur de la solidarité, de la défense des droits humains et de la lutte contre la faim ».
Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, la dissolution « constitue un énorme risque pour les politiques sociales, environnementales et climatiques ». Exploitation du gaz de schiste sur le territoire français, « coût d'arrêt à la lutte contre la pollution de l’air », accroissement de « notre dépendance aux énergies fossiles »… L’association environnementale détaille les conséquences d’une arrivée de l’extrême droite au pouvoir. La Fondation des femmes, quant à elle, qualifie « la menace du Rassemblement national au pouvoir [d’] effrayante pour les droits des femmes ».
Lyes Louffok, militant pour les droits de l’enfant, pointe les effets de la dissolution sur le travail en cours de l’Assemblée nationale : il indique sur X que la commission d’enquête sur l’aide sociale à l’enfance et la délégation des droits de l’enfant vont disparaître. En effet, la dissolution implique l’abandon des projets de loi en cours d’examen, de toutes les commissions d’enquêtes et des missions d’information. Il reviendra aux nouveaux députés le choix de les reprendre ou d’y mettre fin.
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Célia Szymczak