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Par Carenews PRO - Publié le 10 novembre 2022 - 18:00 - Mise à jour le 15 novembre 2022 - 11:29
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Journée Finance Climat : Marlène Schiappa a organisé un colloque sur les enjeux de la finance solidaire

En pleine COP 27 qui était consacrée ce mercredi 9 novembre à la finance, et à l'occasion de la Semaine de la finance solidaire dans le cadre du Mois de l'ESS, la secrétaire d’État à l’ESS et à la Vie associative Marlène Schiappa a organisé un colloque sur la Finance Solidaire et Responsable en présence de nombreux acteurs français de la finance durable. La rédaction y était.

Marlène Schiappa a organisé un colloque sur la finance durable. Crédit : Carenews
Marlène Schiappa a organisé un colloque sur la finance durable. Crédit : Carenews

 

Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative a organisé un colloque intitulé « La finance solidaire pour tous ! » en présence de nombreux acteurs du secteur de la finance durable, comme FAIR, Citizen Capital, la Banque des Territoires, Le Groupe SOS, etc. Objectifs ? Rassembler les principaux réseaux et acteurs du secteur pour échanger sur les questions de financement durable au service des entreprises de l’ESS et des enjeux de l’épargne solidaire. Deux tables rondes ont permis de faire émerger des débats et des propositions. Voici quelques extraits. 

 Vous représentez la finance engagée contre la lutte du changement climatique et vous êtes également des entreprises de l’ESS et des organisations parties prenantes de ce changement qui s'adressent aux citoyens et aux épargnants qui exigent de plus en plus de transparence. Ils veulent savoir où va leur argent. 

 

La ministre a rappelé aux acteurs présents : « Notre défi commun est de faire passer les entreprises de l’ESS à l’échelle, car je crois qu’elles sont les solutions aux changements actuels. Aujourd'hui, 41 % de l’épargne des Français est consacrée à financer l’ESS. Nous avons encore du travail pour faire connaître l’ESS au grand public et surtout nous avons besoin d’une accélération massive de ce secteur et identifier des leviers et lever des freins tous ensemble », a annoncé Marlène Schiappa en préambule. 

 

Finance responsable, solidaire, Epargne solidaire, fonds à impact, comment accélérer ?     

 

Lors de cette première table ronde, il a été rappelé que la France avait une avance considérable en matière de finance durable. Patrick Sapy, directeur général de Fair a expliqué comment la finance est devenue responsable. « La France est dans une position singulière par rapport aux autres pays européens voire du monde. Elle a su développer un cadre favorable au développement d’une finance citoyenne, à travers la conjonction de différents facteurs complémentaires. »

Il est revenu sur le début des mouvements citoyens qui ont permis, dans les années 70/80, de financer des projets d’intérêt général à travers des labels d'épargne citoyen. Un cadre légal qui a évolué de façon favorable jusqu'au développement « d’une finance responsable, qui s’appuie, et c’est une caractéristique française, uniquement sur des épargnants individuels », a-t-il rappelé.

Pour lui, il s’agit d’une vraie force par rapport à l’épargne classique. « Aujourd’hui, même si la finance solidaire représente 25 milliards d’euros, c’est une goutte d’eau, par rapport aux 6 000 milliards d’euros du patrimoine financier total des Français. En revanche, la croissance est en progression constante depuis quatre ans, l’encours a triplé en cinq ans. » Le directeur de Fair a ensuite rappelé que sur ces 25 milliards, trois milliards d’euros sont fléchés directement vers les entreprises de l’ESS. 

Autre question soulevée, qui doit être reprise par les pouvoirs publics, selon lui : « Dans ce volume d’épargne, il y a des fonds en 90/10 dont une partie n’est pas directement investie dans les entreprises ESS, mais dans l’univers coté. » 

 

Autre invitée, Laurence Méhaignerie, présidente et cofondatrice de Citizen Capital. Elle a quant à elle ouvert le débat sur l'impact investing. Dans une récente enquête mondiale sur ce secteur, le premier risque perçu était la problématique de l’impact washing ( 66 %). Elle a en effet rappelé que si le secteur de l’impact investing n’était pas clair sur ce qu’il faisait, « les particuliers s'en détourneront. » Elle a expliqué que ce n’est pas la même chose que d’être une entreprise cotée, avec un énorme passif, et une entreprise dans un secteur qui apporte des solutions nouvelles pour la transition. « Le cœur de leur activité est de répondre à une question sociale. Ce n'est donc pas les mêmes risques qu’une entreprise traditionnelle qui est dans des trajectoires de trois à cinq ans. » Du côté de la mesure, il y a aussi un besoin d’être plus clair.  « On ne mesure pas la même chose lorsqu’on est une entreprise à impact, avec quelques critères et en tant que grande entreprise cotée qui suit des critères ISR ou ESG classiques. »

En tant qu’investisseur, elle a aussi expliqué comment était choisie une entreprise à impact. « On va regarder en premier lieu le potentiel d’impact d’une entreprise. Il y a bien un lien entre l’impact et la finance durable et sa mission. Je trouve que la société à mission est un excellent cadre pour bâtir et structurer une trajectoire à long terme. »

Comment la finance solidaire se met au service du développement des entreprises de l’ESS ?

 

Lors de cette deuxième table ronde, une question a été posée sur le changement d'échelle des entreprises de l'ESS.  Pierre-René Lemas, président de France Active a répondu : « Le premier sujet est de sortir des logiques d'expérimentation. Les entrepreneurs ont envie d'entreprendre dans une finalité sociale ou écologique, et donc ils ont besoin de financement. Les modalités de financement devraient s'adapter à la demande des entrepreneurs. » Deuxième point, il a rappelé que l’enjeu principal était la finalité sociale de l’entreprise. « Il y a des besoins sociaux du moment, une demande qui rencontre l’entrepreneur qui a envie de créer son entreprise sociale. Il va se tourner en premier lieu vers les banques, qui vont l’aiguiller ou pas. »

Il a également insisté sur la logique du rendement/risque, et s'interroge sur l’objectif de rendement d'une entreprise sociale. « Si on attend que le rendement soit important, on n'y arrivera jamais. Pour l'investisseur, qui a tendance à sélectionner, il est clair que c’est mieux de financer une entreprise avec un fort potentiel que celle qui ne va rien rapporter. C’est l’enjeu aujourd'hui. Il faut inventer de nouveaux produits financiers pour répondre à ces cas de figure, où l'entreprise sociale est moins dans une logique de rendement. » Il a précisé qu’on ne pouvait pas  « industrialiser la gestion financière de l’ESS. Chaque entrepreneur est différent. Les entreprises de l’ESS proposent des initiatives uniques et fragiles. L’accompagnement et le rôle des réseaux dans l’ESS sont essentiels. »

 

Autre intervenant, Axel Paugam (Groupe SOS), qui était interrogé sur la difficulté pour les entreprises de l’ESS de se positionner dans un système marchand face à d’autres acteurs plus classiques. 

« Nous accompagnons 650 structures aux modèles économiques très différents, statuts et formes juridiques très différents. À la question de la rentabilité des entreprises de l'ESS, qui seraient un frein pour elles-même, je répondrais tout d’abord qu’il y a de fortes disparités. » Il est revenu également sur la question du rendement. « J’aurai aimé une étude qui montre le taux de “casse” des entreprises de l’ESS par rapport aux entreprises conventionnelles. Je pense qu’elles ne s’en sortent pas si mal. La crise du Covid par exemple a montré qu’elles ont su faire preuve de résilience et ont bien résisté. »  

Enfin, Olivier Sichel (Banque des territoires), a répondu à la question du financement des 300 millions d’euros du plan UrgencESS et à quelles entreprises cela a profité ?

« En 2020, nous avons utilisé 100 millions, puis en 2021 ce sont 120 millions qui ont été dépensés et en 2022, 110 millions, soit 330 millions au total. C’est un vrai succès. En premier lieu, cela a concerné le secteur du médico-social forcément, puis de la transition alimentaire et de l’éducation et la formation professionnelle des jeunes, comme par exemple les Écoles de production. »

 

La rédaction 

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