Au lendemain des législatives pour les acteurs de l’engagement, soulagement et appel à la mobilisation
Beaucoup de représentants d'associations et d’entrepreneurs sociaux s’étaient mobilisés contre l’extrême droite après l’annonce des élections législatives le 9 juin dernier. Soulagés par les résultats des élections, nombre d’entre eux appellent désormais à agir sur les questions écologiques et sociales.
Soulagement mais appel à l’action. C’est le message principal des acteurs associatifs et entrepreneurs sociaux le 8 juillet, lendemain de soirée électorale. Le Rassemblement national (RN) arrive troisième des élections législatives, derrière le Nouveau Front populaire (NFP), l’alliance de la gauche, et Ensemble pour la République, la coalition de l'ancienne majorité présidentielle.
« Ce soir, Greenpeace France salue la mobilisation des électeurs et des électrices, et celle des milieux scientifique, sportif, artistique, syndical, associatif et de l’ensemble des acteurs de la société civile qui, sans relâche, ont mis toutes leurs forces et leur énergie ces dernières semaines à marteler la réalité derrière le programme du Rassemblement national », a annoncé l’ONG environnementale dans un communiqué dès le 7 juillet au soir. Ces dernières semaines, de nombreux acteurs de l’engagement s’étaient prononcés contre l’extrême droite et avaient souligné les conséquences dommageables de l’arrivée potentielle du RN au pouvoir sur leur action.
« C’est un soulagement pour les personnes en situation de pauvreté et de précarité, les associations, les travailleuses sociales, les travailleurs sociaux, les bénévoles, qui en auraient payé le prix le plus fort », affirme Pascal Brice, le président de la Fédération des acteurs de la solidarité dans une vidéo postée sur LinkedIn.
« Immense soulagement : ils ne sont pas passés », abonde Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. « Tout reste à écrire, bien sûr, et il faudra réussir à le faire en s’unissant, mais qu’il est bon de respirer de nouveau ! » déclare Maud Sarda, cofondatrice et directrice générale de la coopérative Label Emmaüs.
Le futur gouvernement interpellé
Mais « tout reste à écrire ». C’est bien le sentiment qui prédomine parmi ceux qui réagissent. « Responsables de gauche, ne nous trahissez pas ! », prévient Lyes Louffok, militant pour les droits de l’enfant et candidat malheureux du NFP dans la première circonscription du Val-de-Marne.
« Aux partis politiques qui veulent gouverner : pour réussir, la clef sera de s'ouvrir enfin à la société civile. Syndicats, associations, fédérations... Ce sont les forces vives de la Nation. Ne retombez pas dans les tambouilles habituelles, ouvrez-vous, on compte sur vous », confirme Matthieu Orphelin, délégué général de la Fédération des entreprises d’insertion.
« La mobilisation exceptionnelle des citoyens et de la société civile a évité la tragédie de l’extrême droite au pouvoir. Que la mémoire de cet engagement sans réserve ni calcul du mouvement social contre le RN se rappelle à ceux qui doivent maintenant transformer ce vote en espoir », estime sur X Benoît Hamon, le président de la chambre représentative de l’économie sociale et solidaire, ESS France.
« Rien de ce qui a constitué le terreau de la phase politique si grave de ces dernières semaines ne disparait avec le vote d'hier : ni les inégalités sociales et écologiques, ni la destruction des liens sociaux, ni la culture du rejet de l'altérité plutôt que de son accueil...», observe sur LinkedIn Bastien Sibille, le cofondateur de l’opération Milliard et de l’alliance de coopératives Les Licoornes. Il appelle donc à « renforcer les capacités des associations, entreprises sociales, coopératives ».
« Ce soir, face à cette nouvelle Assemblée nationale, tout reste à construire », confirme le Réseau action climat, appelant le futur gouvernement à « renforcer l’ambition de la planification écologique » et à « l’articuler à une politique sociale, budgétaire et territoriale à la hauteur des enjeux ». Il faut aussi « repenser entièrement le débat public démocratique et les manières de faire de la politique », assure le réseau d’associations environnementales.
Célia Szymczak