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Par Chroniques philanthropiques par Francis Charhon - Publié le 8 janvier 2024 - 18:01 - Mise à jour le 8 janvier 2024 - 18:01
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Quel bilan en 2023 et quelles perspectives pour 2024 ?

Une nouvelle année va commencer pour le blog « Chroniques philanthropiques ». En quatre années ce sont 112 articles, tribunes, interviews, dont 24 en 2023, qui ont reflété la situation de la philanthropie en France et à l’international. Le blog a pour vocation d’être à l’écoute d’un monde qui change très/trop vite et de faire plus connaître et reconnaitre un secteur en pleine croissance tant les besoins sont immenses.

Bilan 2023 perspectives 2024. Crédit photo : iStock.
Bilan 2023 perspectives 2024. Crédit photo : iStock.

Un projet transversal unique au côté des acteurs de la philanthropie

Ce projet transversal est original et unique tant dans sa forme que de son contenu. La diversité des rubriques aide à une compréhension approfondie des différentes facettes de la philanthropie. Il veut dépeindre, en toute liberté, le rôle de ses acteurs : associations, fondations, bénévoles et les donateurs, montrer ses évolutions les enjeux auxquels il fait face. 

J’ai toujours à cœur de faire ressentir la force de l’engagement comme moteur de l’action, de la capacité d’innovation, le bonheur et l’enthousiasme de ceux qui agissent directement ou par leurs dons. Des millions d’hommes et de femmes sont engagés pour rendre la société plus humaine et vivable, il est important que leur histoire soit connue, car la solidarité permet de rendre le monde meilleur. Il faut chaleureusement les remercier.

2023 la philanthropie sur tous les fronts des défis 

L’an passé un bilan des trois premières années avait montré la variété des sujets et la cohérence de la trajectoire du blog.  En effet, il ne s’agit pas seulement d’une succession d’interviews ou de tribunes, mais d’une description globale d’un paysage mouvant et dynamique vu sous différentes facettes.  

En 2023, on constate que les inégalités se creusent toujours dramatiquement et des pans entiers de la société ont à faire face à des difficultés croissantes. Les conséquences en sont une fragilisation du lien et un délitement de la cohésion sociale. L’insertion des jeunes est une préoccupation majeure, car il n’est pas possible de laisser à la dérive des générations sans leur donner l’éducation nécessaire et des clés pour affronter la vie. Un bon exemple d’insertion est décrit par Sébastien Lailheugue et Laetitia Gourbeille, directrice de la Fondation SNCF qui accompagne, en relation avec des associations, les jeunes dans leurs études en mettant en place du tutorat avec des bénévoles.  

On peut citer Jeremy Lachal, dirigeant Bibliothèques sans frontières, qui met à disposition des outils pour que la lecture soit accessible grâce à son IDEASbox, véritable boîte magique, une médiathèque en kit déployable rapidement sur tous les terrains, formidable outil qui apporte non seulement des livres des contenus éducatifs et culturels, ludiques et pédagogiques, des ordinateurs et surtout un accompagnement pour les enfants.

L’accès à la connaissance consiste aussi à comprendre le rôle essentiel de la culture, illustré par Sebastiao Salgado. En photographiant des femmes et des hommes en souffrance partout sur le globe, il a documenté l'Histoire de la fin du 20e siècle et les grands changements du monde. Il nous fait voyager dans son projet environnemental immense de reboisement d’une partie de l’Amazonie. Il concilie l’état du monde et ses enjeux par le puissant média qu’est la photographie.

La culture, c’est aussi le théâtre, la danse, la musique illustré par Emmanuel Demarcy Motta pour le Festival d’Automne. Sorti des murs de Paris, il s’étend en Île-de-France et se diversifie en montant des programmes pour les enfants en les faisant passer de spectateurs à acteurs dans les projets de créations artistiques. Cela ouvre le regard vers des espaces inconnus enthousiasmants et permet de dialoguer sur des projets réalisés en commun.

L’accès au logement est évidemment une pierre angulaire de la vie en société. Le travail réalisé par Habitat et Humanisme montre les immenses efforts qui doivent être réalisés afin de donner accès à un lieu de vie décent aux plus en difficultés. C’est aussi l’histoire d’un homme, Bernard Devert, qui a quitté son métier d’origine pour mettre ses compétences au profit d’un projet qui semblait utopique. Ce projet dépasse la seule construction de logement. Il est une leçon d’innovation et montre l’indispensable accompagnement pour favoriser une mixité sociale inclusive.  

L’année 2023 a aussi été celle de la clôture du Fonds du 11 janvier, créé à la suite des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. En mettant les moyens de dix fondations en commun, il s’agissait de soutenir des initiatives de la société civile dans le cadre de la laïcité, en faveur de la citoyenneté et du respect de l’autre, de la connaissance du fait religieux, de la cohésion et du vivre ensemble. Pourtant, face à la résurgence d’un antisémitisme très actif à la suite de l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas et à la réponse militaire d’Israël sur Gaza, il semblerait utile et urgent de remettre ce projet en chantier. 

Les entreprises jouent aussi un rôle important quand leurs dirigeants sont mus par une forte volonté d’engagement, ce que confirment les interviews de Sophie Pouget pour la Fondation RAJA, dont l’objet est la défense des femmes et des filles et de Charles Kobloukoff pour la Fondation Léa Nature qui veut relier l’économie à la philanthropie. 

À été traitée aussi la question de la recherche, le directeur de la Fondation pour la Recherche Médical Benjamin Pruvost montrant combien l’action mécénale est indispensable dans ce domaine où les financements des donateurs permettent de faire fonctionner de nombreux laboratoire. Elles entrainent des avancées significatives mises en valeur  par de nombreux prix. 

L’action philanthropique en mouvement 

L’action philanthropique est en permanence en mouvement. Deux interviews, celles de Sarah Ertel et de Marie Stéphane Maradex, montrent les voies de l’innovation dans la façon d’approcher les projets. Les réponses aux enjeux doivent être plus transversales et prendre en compte les besoins du terrain qui deviennent le conducteur pour la mise en place des programmes d’actions. Il y est aussi traité du rôle des gouvernances qui portent la responsabilité de faire évoluer les organisations. On y voit apparaître les bases d’une philanthropie contemporaine, stratégique, moderne et imaginative.

Cette évolution s’inscrit dans une histoire de l’engagement en France décrite dans plusieurs interviews ou tribunes. Elles se sont enrichies cette année par deux interviews d’acteurs de ce mouvement. Celle de Chantal Bruneau, témoignage inestimable de quarante ans dans l’administration aux côtés des associations et celle de Jacqueline Mengin et Jean Bastide, infatigables militants pour faire vivre le fait associatif dès les années 1970. Ce chemin historique donne des clés de compréhension des évènements marquant la générosité depuis la naissance de la collecte moderne et sur les avancées de la vie associative et des fondations.

Une structuration sectorielle en construction

Les trente dernières années ont été marquées par l’organisation des acteurs de la philanthropie pour plus de transparence, de fiabilité et de redevabilité envers les financeurs privés ou publics. Le blog, à travers ses rencontres, a beaucoup milité pour faire valoir l’intérêt des alliances.

Elles peuvent se nouer entre multiples acteurs, associations, fondations, collectivités locales, entreprises, sur des thèmes ou projets spécifiques pour amplifier les actions.

Il s’est aussi mis en place une structuration plus politique des acteurs de la philanthropie pour favoriser le développement des activités du secteur non lucratif. Leur rôle est de défendre les acquis des dernières années, la liberté associative, faire mieux reconnaitre l’utilité de leur action et être les interlocuteurs des pourvoir publics. C‘est la Coalition Générosité. Les deux premières interviews de responsables de cette coalition permettent de mieux comprendre comment un secteur arrivé à maturité s’efforce de se donner les moyens d’une action concerté envers les pouvoirs publics. Celle de Pierre Siquier, président de France générosités, le syndicat des collecteurs de dons, apporte son témoignage sur les grands défis de la collecte pour les années à venir au moment où le nombre des donateurs diminue et les modes de collecte doivent se diversifier. Celle aussi de la présidente du Mouvement Associatif, Claire Thoury, qui s’inscrit dans les grands enjeux de la vie associative et le rôle majeur de ce secteur dans sa capacité à apporter des réponses souvent innovantes face à des défis cruciaux. Elle montre aussi l’incompréhension que peuvent avoir des décideurs publics face à un modèle non lucratif porté par l’engagement de millions d’hommes et femmes qui agissent pour rendre la société plus vivable. Ce questionnement peut se mettre en regard d’une tribune que j’avais écrite intitulée « Associations, Fondations : l’angle mort du Gouvernement ».

Mais le développement des fondations amène des questionnements bien naturel sur la légitimité de celles-ci dans l’espace public. Le sujet est traité sous l’angle de « philanthropes et démocratie » par la chercheuse Anne Monier.  Ses interrogations soulignent combien est nécessaire la recherche pour clarifier les concepts et ne pas donner prise à des commentaires souvent démagogiques, faute d’une connaissance éclairée du sujet. Trop souvent, la comparaison se fait entre la France et les États-Unis alors que les systèmes de valeurs sont en bien différents. Nous poursuivrons les interviews sur ce sujet.

Des vœux pour 2024

J’avais, dans mes vœux pour 2023, écrit une tribune dont le titre était « Rêves et ambitions », dans laquelle je me demandais si imaginer un avenir meilleur pour tous était un rêve ou une folle utopie dans un monde violemment touché par les altérations environnementales, sociétales, par le retour de la guerre. On voit filer tout ce qui fait sens et société par l’effet destructeur des réseaux sociaux sans filtre et d’un climat pessimiste savamment orchestré ?

J’avais émis trois souhaits.

Le premier envers les donateurs. Moins nombreux ces dernières années, mais avec une collecte compensée par des dons plus importants. Pour ne pas laisser leur nombre s’étioler, il faut leur faire partager un enthousiasme commun pour se sentir partie prenante d’un projet de société qui retisse le lien social et donne un espoir à ceux qui n'en ont plus. Ils sont indispensables aux associations et fondations pour qu’elles puissent réaliser leur mission là où il y a des besoins. 

Le deuxième concerne les pouvoir publics. Ils doivent mieux considérer la valeur ajoutée du secteur philanthropique dans les politiques publiques ou pour les collectivité locales. Ils doivent, en concertation avec le secteur, s’engager vers une politique philanthropique ambitieuse avec des circuits administratifs plus simples et plus efficients.

Le troisième concerne tout le secteur de la philanthropie. Il faut maintenant aller plus loin, s’unir plus encore pour porter une seule parole plus forte qui affirme objectifs, ambitions d’actions et volonté de reconnaissance. C’est ensemble qu’il faut, sans relâche avec détermination, faire face aux parlementaires, à l’administration. 

Ces vœux restent toujours des rêves, mais aussi des défis qui me semblent malheureusement encore bien d’actualité pour cette année 2004. 

Quelle visibilité pour le blog ? Les article du blog arrivent souvent les premiers sur le site de Carenews qui l’héberge. Leur lecture est toujours en progression. Je connecte les interviews et tribunes à des posts sur Linkedin pour les faire connaître et montrer dans quelle perspective globale elles s’inscrivent. Ces messages sont visualisés jusqu’à 7 000 fois, montrant l’intérêt que peuvent trouver les internautes aussi bien sur le plan politique qu’opérationnel.

Je souhaite une bonne année à chacun, à vos proches et aux actions que vous menez.

MERCI aux fondations qui ont cru dans ce projet et soutiennent la production et la réalisation de ce blog :

Fondation BNP Paribas, Fonds Break Poverty, Fondation Apprentis d'Auteuil, Fondation pour la Recherche Médicale, Fondation SNCF, Centre Français des Fonds et Fondations, Fondation Entreprendre, Fondation de France, Fondation Caritas, Fondation Bettencourt Schuller, Fondation Habitat et humanisme.

MERCI au comité éditorial avec qui nous choisissons les sujets et les orientations des articles :

Laurent Terrisse, Xavier Gay, Guillaume Brault, Agnès Lamoureux.

MERCI à Carenews d’accompagner le blog.  

MERCI enfin aux nombreux collègues qui m’ont apporté des idées pour coller à l’actualité et merci enfin à tous ceux qui ont accepté l’exercice de l’interview.

Quatre ans déjà ! Nous allons continuer. Mon souhait serait que dans les années à venir, le blog permette aux publics qui s’intéressent au développement de la philanthropie, aux étudiants, aux chercheurs, aux nouveaux philanthropes… de puiser dans toute cette matière première vivante pour nourrir et enrichir leur réflexion.

 

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