Visites au plus près de héros de l’ombre : un blog au service des acteurs de la philanthropie
Des millions d’hommes et de femmes sont engagés pour rendre la société plus humaine et vivable, il est important que leur histoire soit connue car la solidarité permet de rendre le monde meilleur. J’ai toujours à cœur de faire ressentir la force de l’engagement comme moteur de l’action, la capacité d’innovation, le bonheur et l’enthousiasme de ceux qui agissent directement ou par leurs dons. Voici leur histoire.

Les thèmes abordés
Durant l’année 2024 mon blog Chroniques Philanthropiques a poursuivi ses publications pour apporter les témoignages sur l’engagement d’acteurs et sur les grands sujets auxquels il faut faire face. Ce sont d’extraordinaires visites au plus près des héros de l’ombre : associations, fondations, bénévoles, donateurs qui agissent chaque jour pour faire face au défi de bâtir une société plus humaine. Il faut chaleureusement les remercier.
L’intégration, la réduction des inégalités et la lutte pour la cohésion sociale
Dans une interview croisée, Tarik Guezali cofondateur de la Fabrique du Nous et Anne Charpy présidence fondatrice de Voisin Malin montre leur engagement pour faire vivre le lien social. Ils proposent des approches innovantes pour vivre et agir ensemble et lutter contre les stéréotypes. Leur capacité à s’appuyer sur l’ensemble des composantes de la société est une force.
La pauvreté a été aussi abordée dans la rencontre avec Tarek Daher DG d’Emmaüs. Il montre que les acteurs intervenants dans le champ social n’ont pas d’autres choix que d’être innovants car la précarité est mouvante, le cadre d’intervention législatif, financier, réglementaire l’est aussi. Cela oblige à se réinventer en permanence en étant sur de nombreux fronts : solitude, pauvreté, accompagnement, habitat, fracture numérique… Dans cette même ligne Elsa Bouneau directrice de la Fondation Petits Frères des Pauvres présente ses actions auprès des personnes âgées en situation de précarité. L’isolement, la solitude, la précarité de personnes âgée n’apparaissent pas aujourd’hui comme une préoccupation majeure pour les gouvernants. Certes, des dispositifs d’aides existent, mais ils ne sont pas en capacité de répondre aux multiples problèmes individuels rencontrés sur le terrain. Il faut un travail attentif, adapté, nécessitant du temps et de l’attention.
Iris Bazin responsable du Pôle inclusion, égalité, solidarité du Fonds de dotation Paris 2024 nous a montré combien le sport est un outil de valorisation et d’inclusion grâce à des initiatives locales utilisant le sport pour favoriser l'intégration des jeunes en difficulté.
Pour la fondation d’entreprise BNP Paribas la solidarité recouvre trois champs principaux très distincts, la jeunesse et notamment la jeunesse défavorisée, les droits des femmes, les réfugiés. En n’oubliant pas de travailler sur la question des inégalités scolaires et du décrochage, la culture, et la recherche sur l’environnement.
L’éducation est une préoccupation majeure et croissante. Pour l’intégration des personnes ne parlant pas bien le français, l'initiative de Dulala promeut le plurilinguisme chez les enfants. Anna Stevanato nous entraîne à la découverte d’un monde mal connu, empreint de nombreux présupposés.
La démocratie
Un sujet interrogé dans notre pays par l’action destructrice des réseaux sociaux, par le développement du climat de haine, d’antisémitisme, et de rejet de l’autre qui fracturent la cohésion sociale. Raphaël Culliford et Christine Guimonnet dans leur projet « Faire vivre la démocratie » nous montrent que l’éducation civique fait connaître les bases et les outils de l’État de droit. L’objectif est de faire comprendre aux jeunes combien le dialogue éclairé permet la vie en société et qu’il est nécessaire de savoir décrypter l’information pour renforcer l’esprit critique. On voit là le rôle essentiel que jouent les enseignants et comment des associations et les institutions peuvent les accompagner pour les soutenir dans leur tâche si difficile alors que la peur fait partie maintenant de leur métier. Pour eux, la démocratie ne s’invente pas, elle se pratique chaque jour.
Cette préoccupation est développée en Europe par Markus Lux, de la Fondation Bosch. Sa Fondation est engagée dans le soutien et le renforcement des valeurs de la démocratie européenne. Elle agit pour la préservation de l’action de la société civile et la lutte contre les restrictions qu’elle rencontre progressivement. Des forces importantes sont engagées pour détruire le projet européen, un espace démocratique à préserver de toute force. Il nous a entretenu sur l’évolution de la philanthropie dans les pays d’Europe centrale et orientale. Pour amplifier son action, il se coordonne avec d’autres fondations au niveau de Philéa, le collectif européen des fondations.
Les ONG sont des acteurs essentiels de la solidarité internationale. Dans un monde de plus en plus chaotique et dangereux, leur intervention permet d’apporter l’aide indispensable à des populations civiles ballotées entre les belligérants n’ayant d’autres choix , quand ils ne sont pas pris pour des boucliers humains, de fuir. Le besoin de financement croit avec les crises et reste insuffisant. Maria Groenwald, responsable de la coordination des ONG à Bruxelles, montre la valeur inestimable de la collaboration avec les directions générales comme la DG ECHO pour financer et mettre en place des programmes. Elle indique combien l’Europe est utile pour répondre à l’aspiration de ses citoyens qui souhaitent des réponses face aux enjeux internationaux.
La vie associative
Acteurs essentiels de la philanthropie, les associations sont en difficulté, voire en danger. Vivianne Tchernonog, chercheuse associée au Centre d’économie de la Sorbonne, grande spécialiste des études sur les associations, et Martin Bobel, membre du CESE, montrent que la baisse des financements, notamment des collectivités locales, en raison de leurs réductions de budgets, amènera à voir, après les déserts médicaux, des déserts associatifs. Cette situation préoccupante reflète un manque de compréhension du rôle de ces organisation dans notre société. Le CESE a proposé un certain nombre de solutions pour faire face à cette situation.
La structuration de la philanthropie en faveur de son développement, la communication et la collecte
Le blog souhaite aussi apporter de la connaissance sur l’organisation du secteur pour renforcer sa crédibilité et la confiance auprès des parties prenantes. Pour présenter un front commun face aux décideurs politiques ou administratifs, il a été créé la « Coordination générosité ». Dans les interviews de ses membres, chacun exprime la valeur ajoutée de son collectif : collecte, contrôle et accompagnement, formation, mise en réseau…
Le blog présente une base de données et d’outils utiles pour ceux qui veulent s’engager dans l’action généreuse. Par exemple, l’interview croisée sur les fondations abritantes montre combien elles sont essentielles sur deux aspects :
- la sécurité par la rigueur de leur fonctionnement ;
- la souplesse pour mieux répondre aux besoins des récipiendaires par de l’innovation permanente.
Elles permettent la mutualisation des actions, une bonne écoute du terrain, un accès plus facile pour les associations, des avancées sur la gouvernance des projets. Elles dessinent un avenir plus démocratique de la pratique philanthropique.
La communication est indispensable pour les organisations qui veulent faire connaître leur action. Xavier Gay, directeur de l'agence LIMITE, décrit les profondes transformations des dernières années et comment appréhender les défis de la communication dans le secteur associatif.
Collecter des dons aux USA est un rêve pour beaucoup d’organisations. Mais mal appréhender le sujet peut se transformer en cauchemar car les législations locales sont complexes et pointilleuses. Pour s’engager dans un tel projet, il est bon de connaître le dispositif de « Friends of » qui offre des facilités à tous ceux qui cherchent de nouvelles sources de financements. L’exemple de Friends of Fondation de France et d’un acteur qui bénéficie du dispositif, le Théâtre des Champs Élysées, montre le chemin à parcourir pour collecter.
Les tribunes
Enfin j’ai écrit un certain nombre de tribunes générales sur les relations avec l’État, sur les voies d’une meilleure reconnaissance du secteur, sur les risques qui pèsent sur la démocratie, sur l’Europe. Une de celles-ci pose la question de l’action de la philanthropie et son adaptation nécessaire sous le titre un peu provoquant : « La philanthropie a-t-elle failli ? » La récente situation politique en France a montré que la colère au sein de la population a exacerbé les divisions sociales, favorisé la montée des extrémismes et la polarisation de la société. L’action philanthropique n’a pas entravé ce mouvement, c’est un sujet de réflexion collectif qu’il ne faudra pas éviter.
Pour 2025
Tous les sujets ne peuvent être traités en une année mais 136 articles, tribunes, interviews publiés en cinq ans donnent une image des défis affrontés et de l’évolution du secteur des associations et fondations en France et à l’international.
Mon souhait serait que dans les années à venir, le blog permette aux publics qui s’intéressent au développement de la philanthropie : les étudiants, les chercheurs, les nouveaux philanthropes… de puiser dans toute cette matière première vivante pour nourrir et enrichir leur réflexion.
Cette année l’accent sera mis sur l’environnement, la démocratie, l’éducation, les discriminations de tous ordres, les réfugiés, l’information et l’éducation aux médias ainsi que la recherche. Le lien social reste une préoccupation majeure. Évidemment des tribunes permettront de réagir à l’actualité.
Dans cette tribune des liens permettent de retrouver les propos des acteurs cités et les organisations concernées.
Remerciements
Je remercie les fondations qui ont cru dans ce projet et soutiennent la production et la réalisation de ce blog que j’anime bénévolement : Fondation Bnp Paribas, Fondation Auteuil, Fondation pour la Recherche Médicale, Fondation SNCF, Centre Français des Fonds et Fondations, Fondation Entreprendre, Fondation de France, Fondation Caritas, Fondation Bettencourt Schuller, Fondation Habitat et Humanisme, la Fondation Nina et Daniel Carasso.
Merci au comité éditorial avec qui nous choisissons les sujets et les orientations des articles : Laurent Terrisse, Xavier Gay, Guillaume Brault, Agnès Lamoureux.
Merci aux nombreux collègues qui m’ont apporté des idées pour coller à l’actualité et à tous ceux qui ont accepté l’exercice de l’interview.
Francis Charhon